Exclusif ! Côte d’Ivoire (Fast food) : « Pourquoi nos hotdogs locaux séduisent » (Julien Fontaine, gérant, Société Chap Chap)

• « Nos cuisines mobiles, les premières du genre sur la place...»

Exclusif ! Côte d’Ivoire (Fast food) : « Pourquoi nos hotdogs locaux séduisent » (Julien Fontaine, gérant, Société Chap Chap)
Julien Fontaine, gérant de la Société Chap Chap. (ph : dr)
Exclusif ! Côte d’Ivoire (Fast food) : « Pourquoi nos hotdogs locaux séduisent » (Julien Fontaine, gérant, Société Chap Chap)

Julien Fontaine, gérant de la Société Chap Chap, donne des précisions sur le projet de « restauration rapide ivoirienne » avec son partenaire Rafaa, Réseau des associations des femmes actives d’Afrique, présidé par Antoinette Koné.

Bonjour M. Fontaine ! Merci de vous présenter à nos fidèles internautes.

Bonjour et merci pour l’intérêt porté à notre marque ! Je suis le gérant de la Société Chap Chap hotdog. Nous sommes une chaîne de restauration rapide ivoirienne, fondée il y a quelques mois, et nos produits phares, comme notre nom l’indique, sont essentiellement les hotdogs.

Un pain moelleux salé, une saucisse pur bœuf, des sauces, condiments et oignons. Le goût est local, nous mettons l'accent sur l'hygiène et la qualité, nos tarifs sont abordables ; le hotdog made In Côte d'Ivoire est né !

Quelles sont vos missions et motivations en vous investissant, à travers votre entreprise en Afrique, et spécifiquement en Côte d’Ivoire ?

La Côte d’Ivoire est en plein boom économique et les points de restauration à spécialités africaines, européennes, asiatiques, orientales ou encore américaines se multiplient en ville pour répondre à une demande toujours croissante. Nous avons fait le constat que les Ivoiriens étaient aussi attachés à leur cuisine traditionnelle mais aussi avides de nouveautés venues des quatre coins du monde.

Lorsqu’il s’agit de restauration rapide, les produits sont très souvent importés, avec des goûts venus d’ailleurs et hors de portée des populations les plus modestes.

Nous avons osé imaginer qu’il était possible de produire et transformer en Afrique, entreprendre de zéro avec l’idée de créer une offre nouvelle de restauration 100% locale, aux meilleurs standards d’hygiène et de qualité, et accessible à toute la population.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de votre hotdog et naturellement, la différence d’avec d’autres produits similaires existants ?

Tout d’abord, nos kiosques sont les premiers du genre sur la place : ce sont de véritables cuisines mobiles, aux dimensions contenues et qui permettent aussi bien de rester en point fixe que de se déplacer. Nous allons ainsi chercher la clientèle où elle se trouve : dans la rue et dans les espaces de forte affluence. Nous offrons un repas ou simplement un en-cas à une clientèle passante qui n'a pas le besoin ou le temps de passer 1 heure dans un restaurant traditionnel.

Ensuite, nos hotdogs sont préparés à partir d'intrants fabriqués et transformés en Côte d’Ivoire. Nous privilégions les circuits courts, misons sur des fournisseurs locaux que nous souhaitons faire grandir avec nous, et nous leur faisons confiance, car ils connaissent et s’adaptent au goût local.

Nos produits sont frais, voire ultrafrais, puisque nous assurons sur tous nos points de vente, la livraison de produits fraîchement préparés chaque matin. C’est un grand défi logistique à relever, mais cela permet de proposer la meilleure offre à notre clientèle.

Enfin et surtout, nous voulons nous adresser à tous et notre offre de prix varie de 500 à 1000 Fcfa. Nos hotdogs présentent un rapport qualité/quantité/prix imbattable !

Vous fondez votre approche marketing sur 3 axes : l’innovation, le dynamisme et le partage. À quoi répond effectivement cette triptyque ?

L’innovation est pour nous le défi de proposer un produit nouveau sur le marché : le hotdog acculturé au goût africain. Nous avons passé des mois à ajuster notre offre pour rester dans des tarifs contenus, tout en assurant qualité et quantité.

Le dynamisme est notre volonté d’être entreprenants, casser les codes, penser et aller là où les autres ne vont pas. Concrètement, cela veut dire, aller dans la rue pour devenir la marque locale de référence avec des produits sains et simples, lorsque la tendance est davantage au confort d’un restaurant chic climatisé à des tarifs européens.

Le partage est ancré dans les fondements de notre société. En tant qu'entrepreneurs novices dans le domaine, nous avions le choix entre embaucher des vendeurs pour nous développer, ou partager notre esprit d’entreprenariat aux côtés d'autres partenaires indépendants et autonomes.

Nous croyons à la 2e stratégie, qui consiste à identifier des vendeurs dynamiques et motivés souhaitant développer leur activité avec nous. Nous signons avec eux, un contrat de partenariat, nous leur mettons gratuitement à disposition tout l’équipement, et nous les accompagnons sur le terrain pour qu’ils se lancent dans une activité génératrice de revenus et sortent de l’informel. Nous leur donnons de la sorte, le goût d'entreprendre et les motivons à saisir les opportunités qui se présentent à eux pour grandir et devenir les hommes et les femmes de la Côte d’Ivoire de demain.

Le 20 août 2022, votre structure a lancé officiellement ses activités ; quel bilan faites-vous de cette sortie et quelles sont vos perspectives d’investissement et d’actions sociales ?

Nous avons été honorés du grand intérêt que portent les autorités sur nos activités. Notre démarche est transparente et gagnant-gagnant : nous leur présentons nos activités commerciales, leur soumettons notre volonté de recruter dans leur commune et identifions avec eux, les emplacements de vente qui conviennent. Ce sont ainsi 20 à 50 emplois que nous proposons de créer pour chaque commune que nous visitons, et autant de familles qui bénéficient des retombées. L'engouement est grand.

Nous travaillons en liens très étroits avec l’Ong, Organisation non gouvernementale, Rafaa, le Réseau des associations des femmes actives d’Afrique, avec lequel nous recherchons les vendeurs, préparons notre installation dans chaque zone géographique et allons bientôt mettre en place une mission de suivi et évaluation de terrain pour assurer le sérieux de toute notre organisation.

A travers votre plan-marketing, combien de segments de marchés visez-vous à court, moyen et long termes à Abidjan et dans le reste du pays ?

Nous allons nous focaliser sur Abidjan et satisfaire au mieux notre clientèle. Nous voulons grandir grâce à eux. Notre mode "start-up" fait que nous ajustons encore notre business-modèle en ce moment pour pérenniser notre activité. Pour le reste, surprise…

En vue de juguler la pauvreté dans le monde et favoriser la parité des genres, les Omd, Objectifs du millénaire pour le développement, font un clin d’œil, pour ces deux axes relativement, d’une part, à l’objectif 1 qui souligne l’élimination de l’extrême pauvreté et la faim, et d’autre part, à l’objectif 3 qui promeut l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Au regard des réalités du terrain et de la résilience observée de la part des jeunes en Côte d‘Ivoire, quel rôle comptez-vous jouer dans l’atteinte de ces deux objectifs ?

Depuis notre modeste posture, l'objectif 1 que vous citez, rejoint naturellement notre axe stratégique : l'innovation. Nous avons tenu à proposer une offre comprise entre 500 Fcfa et 1000 Fcfa. Notre cahier des charges initial prévoyait d'ailleurs que cette même offre soit comprise entre 300 Fcfa et 700 Fcfa, mais le contexte économico-politique tendu pos-covid, a contrarié notre plan et fait exploser le coût de tous nos intrants. Mais nous croyons que la combinaison, menu abordable et propositions d'emplois pour les jeunes, va œuvrer à la fois à nourrir sainement à moindre coût et offrir une vie meilleure à bon nombre de familles.

L'objectif 3 n'est pas écrit dans nos statuts, mais nous le vivons comme une évidence au quotidien : la moitié de notre équipe est féminine, nous travaillons avec le Rafaa qui milite activement pour l'autonomisation et l'émancipation de la femme, et nos vendeurs sont en très grande majorité des vendeuses ! Chez Chap Chap, l'égalité hommes-femmes est une réalité !

Monsieur le gérant, quelles sont vos recettes contre toute forme d’extrémisme violent en termes d’autonomisation et d’inclusion financières au profit de la jeunesse ivoirienne à travers le projet « entreprenariat et employabilité des femmes et des jeunes (filles et garçons) », dit projet Rafaa-Chap Chap ?

À chaque personne qui nous aborde pour prendre part à l'aventure, nous disons : si vous êtes motivée, si vous êtes disponible, nous vous mettons à disposition un outil de travail neuf et original, et vous jouissez de revenus dès le premier jour ! En rejoignant Chap Chap, vous rejoignez une communauté, nous vous formons et vous êtes reconnue avec un statut et assurément votre place dans la société.

À ceux qui mettent sur un piédestal l'oisiveté, le gain rapide et facile, nous disons qu'il n'y a pas de sot métier : pour faire fonctionner Chap Chap au quotidien, nos membres de l'équipe sont tour à tour colleurs d'autocollants le matin, et garants du budget l'après-midi, coupeurs d'oignons le matin et gestionnaires de stocks l'après-midi, ou encore coursiers le matin et formateurs, l'après-midi.

Travailler apporte une sécurité pour soi et sa famille, épanouit, ouvre d'autres perspectives, façonne nos valeurs de la vie que nous transmettrons ensuite à nos proches et notre descendance. C'est un cercle vertueux.

Après ce développement, pourriez-vous nous éclairer justement sur l’étendue et la portée de votre partenariat dans le présent processus d’insertion de la jeunesse avec le Réseau des associations des femmes actives d’Afrique?

Lorsque nous avons poussé par hasard les portes du Rafaa au démarrage de notre activité, nous avons tout de suite compris que nous partagions les mêmes valeurs : entreprendre, émanciper, dynamiser, bâtir sur le long terme.

Nous sommes acteurs économiques et notre axe stratégique de partage nous a mis en recherche de partenaires fiables et reconnus afin que notre action économique puisse également avoir une portée utile et sociale. Car, avec 75% d'une population qui a moins de 35 ans et un taux de chômage supérieur à 20%, nous étions décidés à œuvrer pour offrir une chance à celles et ceux qui sont motivés autour de nous.

Avec le Rafaa, au quotidien, nous définissons les pistes de développement de notre réseau, nous listons les forces vives en présence désireuses de commercialiser les hotdogs Chap Chap ; des évènements sportifs et de cohésion sociale sont en planification. Le Rafaa va au-devant des autorités pour permettre l'installation de vendeurs avec les meilleures dispositions.

Grâce à la confiance et la transparence instaurées, nous formons une seule entité qui montre aux autorités la rigueur et le bien-fondé notre projet d'insertion professionnelle.

En conclusion, je dirai que j'ai eu l'occasion de donner cette citation à de nombreuses reprises : « Tout seul on va vite, ensemble on va loin ».

C'est particulièrement vrai pour Chap Chap hotdog où notre structure évolue main dans la main avec le Rafaa, nos fournisseurs, nos vendeurs et surtout nos clients !

Interview réalisée par Enaf