« Action climatique » : la Banque mondiale peint « ses priorités »
Pour atteindre nos objectifs climatiques, nous devons impérativement associer les enjeux du climat et du développement, identifier des projets d’atténuation et d’adaptation au niveau national et mobiliser en leur faveur des sources et des structures de financement adaptées en vue de maximiser leur impact.
Pour concrétiser cet objectif complexe, tant du point de vue du financement que de celui des projets, il faut s’appuyer sur des diagnostics d’atténuation et d’adaptation mettant en évidence la trajectoire des émissions, les principales vulnérabilités et les meilleures interventions climatiques. Tels sont les piliers du nouveau Plan d’action sur le changement climatique (CCAP) du Groupe de la Banque mondiale, lancé en avril 2021. Nous nous sommes engagés à porter notre objectif de financement climatique à 35 % du total de nos engagements dans les cinq ans à venir, aligner nos flux financiers sur les objectifs de l’accord de Paris et obtenir des résultats intégrant climat et développement.
La communauté internationale s’est engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et à redoubler d’efforts pour permettre l’adaptation au changement climatique. Cet engagement se concrétise à travers les annonces d’objectifs de réduction des GES via les contributions déterminées au niveau national (CDN), la décision des bailleurs de fonds et des investisseurs d’aligner leurs apports financiers sur les objectifs de l’accord de Paris, les engagements des pays et des entreprises à ramener leurs émissions nettes à zéro, ou encore l’arrêt de la construction de nouvelles centrales à charbon à l’étranger, la Chine venant d’annoncer une décision en ce sens.
Dans le même temps, les subventions aux combustibles fossiles augmentent, les taxes carbone sont trop faibles et les décisions audacieuses pour déclasser des centrales à charbon en activité et arrêter la construction de nouveaux sites sont trop rares. De nombreux actifs infrastructurels sont construits selon des normes obsolètes, voire sans respecter aucune norme, et un développement urbain anarchique se poursuit dans les plaines inondables, sur le littoral ou dans d’autres zones à risque.
Par ailleurs, 760 millions de personnes — vivant pour la plupart dans les pays les plus pauvres qui sont responsables de moins d’un dixième des émissions mondiales de GES — continuent d’être privées d’accès à l’énergie. Ces pays doivent accélérer leur développement tout en s’engageant sur une trajectoire de croissance décarbonée et résiliente. Comme ils sont généralement les plus durement touchés par des événements météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles, ils doivent aussi consentir de lourds investissements dans les mesures d’adaptation et la gestion du risque.
« L’adaptation est au cœur du CCAP, parce que le changement climatique et les catastrophes naturelles ont des effets disproportionnés sur les pauvres et les plus vulnérables. »
Notre nouvelle série de notes d’orientation pour la COP26 (a) présente les grandes priorités du Plan d’action. Nous avons introduit dans notre palette d’outils de diagnostic les rapports-pays sur le climat et le développement, en cours de réalisation dans 25 pays. Ces rapports nous fourniront des données et des diagnostics importants pour identifier et hiérarchiser des actions capables de réduire les émissions de GES et de renforcer l’adaptation et la résilience.
Chaque pays devant être le maître de son action climatique, le CCAP met l’accent sur un accompagnement pour l’élaboration des CDN et des stratégies à long terme, avec l’objectif plus large de rapprocher les engagements climatiques des objectifs de développement.
L’adaptation est au cœur du CCAP, parce que le changement climatique et les catastrophes naturelles ont des effets disproportionnés sur les pauvres et les plus vulnérables. Nos études montrent que le changement climatique pourrait faire basculer plus de 130 millions d’individus dans la pauvreté d’ici 2030 et obliger plus de 200 millions de personnes à migrer d’ici 2050 . Investir dans les mesures d’adaptation pour aider les pays et les entreprises à devenir plus résilients est donc une nécessité absolue.
En matière de transition des systèmes clés, nous nous concentrons sur les plus gros émetteurs : l’énergie, l’industrie manufacturière, les transports, l’agriculture et l’utilisation des terres et les villes. Le secteur de l’énergie produisant les trois quarts des émissions mondiales, le CCAP a fait de la transition énergétique l’une de ses priorités : nous aidons nos clients — pays ou entreprises du secteur privé — à s’affranchir des systèmes à forte intensité de carbone à travers une transition juste.
L’action climatique exige de s’impliquer sur plusieurs fronts : appui aux politiques, mise en place d’un environnement propice à l’investissement, élaboration et conception de projets et, surtout, financement. Elle nécessite d’allouer et, au besoin, de conjuguer différents types de financements — commerciaux, concessionnels et dons — en direction du volet concerné de chacun des projets engagés.
Alors que le monde réfléchit à la manière d’accroître les financements climatiques, il faut impérativement concevoir des projets à fort impact et s’intéresser aux paramètres de l’échange entre les apporteurs de financements climatiques et ceux qui les utilisent. Les partenariats et les efforts de coordination, y compris à travers des plateformes nationales, ainsi que la mise au point de solutions innovantes pour attirer les ressources des fondations et des entreprises privées désireuses de concrétiser leurs engagements de neutralité carbone, seront des leviers indispensables pour canaliser les moyens disponibles au service de l’obtention de résultats à fort impact.
« Le changement climatique pourrait faire basculer plus de 130 millions d’individus dans la pauvreté d’ici 2030 et obliger plus de 200 millions de personnes à migrer d’ici 2050. »
Le Groupe de la Banque mondiale est une plateforme idéale pour accompagner les pays en développement dans la réalisation de leurs priorités climatiques et de développement. Nous sommes la principale source de financements climatiques pour ces pays, avec en moyenne plus de 21 milliards de dollars d’engagements chaque année depuis quatre ans.
Et nous n’entendons pas nous arrêter là : dans le cadre du CCAP, nous nous sommes engagés à apporter en moyenne 25 milliards de dollars par an sur la période 2021-25 (sans compter les fonds mobilisés auprès d'autres sources), à travers des projets et des programmes à impact pour diminuer les émissions de GES, favoriser l’adaptation, réduire la pauvreté et les inégalités, et améliorer les résultats du développement. Face à l’urgence climatique, notre stratégie est claire : passer de l’ambition à l’action.
Source : Groupe Banque mondiale