Côte d’Ivoire (Hévéa) : « Nous avons besoin de 60 000 saigneurs » (Camara Issouf, Pco Concours-meilleurs saigneurs 2021)

Côte d’Ivoire (Hévéa) : « Nous avons besoin de 60 000 saigneurs » (Camara Issouf, Pco Concours-meilleurs saigneurs 2021)
Camara Issouf, président du Comité opérationnel du Concours des meilleurs saigneurs 2021. (ph : dr)

A la suite de la finale du concours des meilleurs saigneurs d’hévéa 2021, jeudi 21 octobre 2021, à Dabou (Sud-ouest ivoirien), Camara Issouf, Pco, président du Comité opérationnel, revient sur les besoins de la filière et le métier de la saignée.  

 

Quelles sont vos impressions à la suite de la célébration des meilleurs saigneurs d’hévéa de 2021 ?

C’est la satisfaction, parce que c’était un défi pour nous. Permettre à des planteurs d’organiser eux-mêmes, une compétition aussi importante pour la filière, ce n’était pas donné. Nous avons réussi beaucoup de choses, et c’est très important !

 

Quel était l’objectif majeur lorsque vous lanciez cette affaire ?

Le premier objectif était de faire connaitre ce métier. Le métier de saigneur d’hévéa, il faut qu’on le fasse connaître, qu’on le valorise. Nous avons réussi à faire le diagnostic pour connaitre les problèmes qui minent le métier de saigneur. Les saigneurs, il faut le dire, sont très instables. On s’est dit que les saigneurs doivent être encadrés par nous, leurs employeurs. Leur métier doit être valorisé, parce qu’ils en ont besoin pour avancer dans la vie, pour qu’on ne dise pas qu’ils font un métier sale. Parce que le métier de saigneur d’hévéa nourrit et nourrit bien son homme.

 

La stabilité des saigneurs dans les champs, peut-elle relever le niveau de compétitivité de l’hévéa ?

Bien-sûr ! Nous autres qui faisons les évaluations dans les missions d’encadrement, nous découvrons qu’il y a tellement de plantations abandonnées, uniquement du fait qu’elles n’ont pas de saigneurs. Et cela crée un grand manque à gagner pour la Côte d’Ivoire et les planteurs qui ont souffert pour créer leurs plantations. C’est pour cela que nous, Fédération des producteurs d’hévéa de Côte d’Ivoire (Fph-ci), en lançant ce concours de meilleurs saigneurs d’hévéa 2021, notre objectif était de visibiliser ce corps de métier. Que le métier de saigneur d’hévéa soit connu de tous, pour que les saigneurs prennent conscience en se disant : "Ah, on peut donc réussir dans la vie en étant saigneur d’hévéa !"

 

C’est un secteur pourvoyeur d’emplois au vu des chiffres que vous avez donnés…

Le métier de saigneur est hautement pourvoyeur d’emplois. En ce moment, on a un besoin d’environ 60 000 saigneurs qu’on a du mal à combler, et c’est pour tout ça que nous menons toutes ces actions.

 

L’édition 2021 est une réussite. Peut-on s’attendre à quelque chose de plus performant en 2022 ?

Si vous pensez que l’édition 2021 est une réussite, je vous en remercie déjà, et je vous donne l’assurance que l’édition de 2022 sera encore plus intéressante, parce que nous allons faire des présélections éclatées et ça va donner encore plus de communication sur le métier de saigneur.

 

Un message aux jeunes Ivoiriens…

On a plusieurs messages à lancer aux jeunes Ivoiriens. Aujourd’hui, nous avons un premier président de la République, Félix Houphouët-Boigny, qui a dit que la terre nourrit son homme. Nos jeunes frères qui sont dans les grandes villes qui ne font rien, je leur dis qu’il y a à manger dans les plantations d’hévéa. Qu’ils viennent s’essayer dans les plantations d’hévéa, et ils verront qu’ils seront des hommes indépendants, qu’ils pourront avoir une retraite. Parce qu’aujourd’hui, avec les projets au niveau de la Cnps (Caisse nationale de prévoyance sociale, ndlr), les saigneurs d’hévéa peuvent se préparer une retraite. Nous lançons donc un appel en direction de tous ces jeunes pour leur dire que dans la filière hévéa, il y a du travail, ils peuvent venir sans crainte.

Propos recueillis par Marilyne Opong