Côte d’Ivoire (Carême chrétien) : « Partage : il ne s'agit pas d'aller déposer de vieux habits…délavés dans les Caritas » (Père Ernest Kouacou)

Côte d’Ivoire (Carême chrétien) : « Partage : il ne s'agit pas d'aller déposer de vieux habits…délavés dans les Caritas » (Père Ernest Kouacou)
Le Père Ernest Kouacou. (ph: dr)

Le Père Ernest Kouacou, prêtre diocésain, envoie un message essentiel aux chrétiens catholiques de Côte d'Ivoire et d'ailleurs, qui débutent le carême ce mercredi 2 mars 2022. 

Le Carême pour l’année 2022 va débuter le mercredi 02 mars, avec l’imposition des Cendres. C’est le temps de préparation de la Grande Fête de Pâques, Fête de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ. En effet, le Carême chrétien dure quarante jours et les exercices spirituels sont basés fondamentalement sur trois éléments essentiels : la prière, le jeûne et l’aumône.

1-La prière (pour renforcer son union avec le Christ)

 Une participation plus régulière et plus dévote à la liturgie de la Messe et des autres célébrations : prière du bréviaire, chemin de croix, récitation du chapelet, adoration et visite au Saint-Sacrement. Prière personnelle, pèlerinage communautaire ou personnel, retraites et récollections.

C’est aussi le moment de s’entraîner à la lecture et la méditation assidues de la Parole de Dieu. Tout ce qui touche à l’élévation de l’âme vers Dieu doit faire l’objet d’attention et d’attrait de la part du fidèle chrétien en communion avec tous les autres chrétiens.

Quand nous prions, nous imitons le Christ qui ne manque pas d’occasion de parler à son Père (Luc 3,21 ; 6,12 Marc 1,35 Matthieu 17,1-9). Nous manifestons ainsi notre attachement au Père qui nous fait don de son Esprit-Saint, comme le Christ lui-même le dit et qui répond à nos demandes (Cf. Luc 11,9-13)

Autres Textes bibliques (Cf. Matthieu 6,5-15 ; 7,7 ; 18,20)

2-Le jeûne (privation)pour exprimer sa soif de Dieu et son détachement des choses temporelles

Le jeûne consistait essentiellement à se priver fondamentalement de nourriture et de boisson. Il est un exercice de détachement et de renoncement à un bien légitime en vue de se mortifier pour être en communion avec Dieu.

C’est un exercice qui rend le chrétien disponible à la communion parfaite avec Dieu. Le Christ lui-même a jeûné pendant quarante jours avant de commencer sa mission en Galilée et en Judée (Cf. Matthieu 4,1-4). Il a déjoué les pièges du tentateur et a vaincu toutes les faiblesses humaines qui éloignent tout homme de sa vocation.

Le jeûne est donc un exercice qui permet de faire face aux épreuves (dans le sens de tentation) de tous genres. Aujourd’hui, il est important de savoir se priver dans une société de consommation tous azimuts : la nourriture, les loisirs, la télévision, les réseaux sociaux. Il faut se détacher de choses qui sont normales et légitimes dans la vie de tous les jours en vue de se tourner vers les choses spirituelles : lecture de la Parole de Dieu.

D’ailleurs, le jeûne va toujours de pair avec la prière. Il ne faut surtout pas oublier les recommandations du Seigneur sur le secret du jeûne (Cf. Matthieu 6,16-18). Il ne s’agit pas de faire des performances. Le temps de Carême n’est pas non plus un temps pour faire un régime alimentaire en vue de maigrir.

Ce n’est pas non plus un temps pour thésauriser en vue de consommer plus tard. Il est important de souligner également que le jeûne est un exercice efficace pour vaincre les esprits mauvais qui tourmentent la vie des humains (Cf. Marc 9,25-29)

3-L’aumône pour obéir à la loi de charité.

Le temps de Carême est un temps de partage avec ceux qui sont dans le besoin. La charité est caractéristique de la vie chrétienne. Notre entrée au ciel est conditionnée par l’attention portée aux autres (Matthieu 25,31-46). Le temps de Carême est ainsi le temps favorable pour se rappeler cela et d’exercer cette vertu essentielle.

Le partage des biens temporels comme de la nourriture, des vêtements, des sommes d’argent, etc. avec ceux qui en ont besoin, est un signe de détachement, une expression de charité chrétienne. Il ne s’agit pas ici de vider sa garde-robe de vieux habits parfois délavés pour les déposer au bureau de la Caritas paroissiale.

La bonne action doit venir avant tout du cœur qui veut ressembler au cœur de Dieu qui est providence et miséricorde (I Corinthiens 13, 1-13). Se mettre au service de la communauté, donner de son temps pour les malades, visiter les prisonniers, les personnes âgées qui vivent seules, faire attention aux personnes isolées pour une raison ou une autre, ce sont là des exercices à faire pour s’entraîner à la compassion, à la disponibilité, à la miséricorde et à la charité chrétienne.

La charité est aussi un moyen de rachat de ses propres faiblesses (I Pierre 4,8-9). En un mot, on peut dire que la charité est l’ultime chemin qui conduit à la sainteté car elle est un don de soi. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ce qu’on aime (Jean 15,13). En donnant aux autres de son temps, de son avoir, on donne de ce qu’on est soi-même. La charité nous unit non seulement aux autres, mais elle nous unit à Dieu. Elle exprime et démontre la foi (Jacques 2,14-26).

Ces trois exercices nous rapprochent de Dieu en nous purifiant, en nous sanctifiant. C’est pour cela que l’on parle du temps favorable qui est aussi un temps d’entraînement pour ressembler au Christ déjouant les tentations du diable dans le désert.

Par ailleurs, le temps de Carême est un temps de maturation et de préparation comme celui du peuple d’Israël dans le désert, celui de Moïse sur le Mont Sinaï.

Le symbolisme du nombre « quarante » se retrouve tout au long de l’histoire biblique. C’est le temps de la gestation, de la purification, de la maturation, de la préparation. Noé, Moïse, Elie, j’en passe, sont tous passés par cette croissance pour servir dignement Dieu et le peuple d’Israël.

J’aimerais faire remarquer que l’enfant passe plus ou moins quarante semaines dans le sein de sa mère avant de naître.

Le temps de Carême est donc un temps où les chrétiens doivent observer beaucoup de sobriété dans la liturgie. Les chants, la musique, les paroles priantes font tous référence au besoin de pénitence et de repentir de l’ensemble du peuple de Dieu.

C’est un temps de marche vers la victoire pascale, mais surtout un temps de combat spirituel pour réprimer ses propres penchants mauvais. Pas d’Alléluia, pas de Gloria, pas de bruits. C’est le silence de l’attente.

Il est bon que tous les fidèles catholiques tiennent compte de ce temps de rapprochement de Dieu pour se demander, s’ils sont vraiment fidèles à la renonciation à Satan, comme ils l’ont confessé le jour de leur baptême. C’est le moment de se poser des questions sur sa foi en Dieu, ses relations avec l'Église, son témoignage chrétien dans la vie de tous les jours.

Le temps de Carême est le temps favorable pour regretter ses péchés, pour les fuir en les confessant. Le Sacrement de la Réconciliation qui est le plus grand moyen de délivrance et de libération dans l’Église doit être une priorité pour les fidèles.

C’est l’Esprit Saint qui nous guide pendant le temps de Carême pour nous rapprocher de Dieu notre Père. Laissons-nous conduire par lui afin de chanter le Grand Alléluia, la nuit de Pâques.

Père Ernest Kouacou

Prêtre diocésain.