Côte d’Ivoire (Grand-Bassam) / Ce litige foncier « de trop ! »

Le litige foncier, qui oppose une famille à des « résidents illégaux » à Grand-Bassam, ville balnéaire située au sud-est de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, pourrait faire grand bruit dans les prochains jours. La famille, l'opérateur immobilier et ses avocats ayant pris la ferme résolution de faire appliquer la décision rendue par la justice.
« Pour ne pas subir cet abus », la famille Samandjé de Koffi Niangara, représentée par Antoine Vanga Ekra, a décidé « de se faire entendre.» Mercredi 14 août 2025, à son bureau, sis à Abidjan-Cocody Deux-Plateaux, M. Ekra a donc rencontré les médias auxquels, il a fait la genèse de l’affaire, source de conflit depuis 2015.
« Nous avons signé un contrat de lotissement dénommé “Cité Flamboyant”, en 2015 avec une entreprise, pour un projet portant sur une parcelle de 154 ha 52 22 ca, qui avait engagé et approuvé par arrêté n°15-0054/MCLAU§DGUF/DU/SDAF du 15 mars 2015.
Contre toute attente, ce projet sera annulé le 23 avril 2015 par le ministère de la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme, par l’arrêté n°15-0001/MCLAU§DGUF/DU/SDAF.
En effet, pendant que nous étions à la recherche de solutions et de moyens pour reprendre le lotissement de la parcelle, nous avons constaté que des personnes s’installaient sur le site, sans notre autorisation.», explique-t-il.
« Après renseignement, poursuit-il, notre surprise fût grande de savoir que toutes ces personnes, qui avaient commencé à occuper la parcelle, le faisaient avec la caution du roi de Moossou, Nanan Kanga Assoumou, alors que ce dernier savait très bien que le lotissement avait été annulé et que cette parcelle est notre propriété. En 2016, nous avions donc décidé de saisir les tribunaux. Je rappelle qu’en 2018, le rapport du commissaire de justice commis attestait de la présence d’une seule maison habitée sur la parcelle. Après l’action que nous avons engagée en justice, M. Kanga Assoumou a été déchu de ses droits; un arrêté préfectoral l’atteste.»
Une posture contre l’autorité?
« Malgré la décision finale (grosse) rendue par la justice, qui n’a fait l’objet d’aucun recours (non-pourvoi en cassation, non-appel, non-opposition), et ordonnant le déguerpissement des occupants, certaines personnes continuent d’occuper illégalement la parcelle litigieuse. Pis, certains travaux de construction se poursuivent comme si de rien n’était.», s’indigne-t-il.
« Parmi ces occupants illégaux figure la préfète de Grand-Bassam, aujourd’hui en première. Ce qui n’est pas normal.», s’insurge-t-il, estimant que représentant le chef de l’Etat dans cette circonscription, elle devait faire preuve d’exemplarité en faisant respecter les décisions de justice, parce que nul n’est au-dessus de la loi. Aussi doit-elle veiller au strict respect de la légalité.»
Vanga Ekra : « Cette fonctionnaire bénéficie sûrement du soutien d’autres autorités, qui l’encouragent à poursuivre la construction de son immeuble (R+3), malgré la légalité de la décision judiciaire. Actuellement, son chantier est surveillé par des agents de la gendarmerie nationale, me confortant dans ma position. Je trouve vraiment paradoxal qu’une préfète, donc représentante de l’administration publique, puisse agir ainsi. Son comportement s’apparente à une défiance envers l’Etat et ses institutions et cette façon d’agir pourrait créer un réel souci dans l’application des règles.»
« Son attitude, en conflit avec la loi, qu’elle est censée faire respecter, est une situation gênante qui peut avoir des conséquences négatives sur la conception de l’ordre public et la confiance que les citoyens ont pour l’Etat.», se désole-t-il.
Le représentant de la famille Samandjè « promet de dénoncer publiquement toutes les manœuvres et mains derrière ce dossier». « Je dévoilerai des noms. Je dirai tout. Je vais citer le nom de l’autorité qui m'a appelé, ceux qui cautionnent de tels comportements.», a prévenu l'opérateur immobilier, déplorant « les agissements de certaines personnalités, qui desservent le pouvoir, plutôt que de le servir.»
Riche Ouattara