Côte d'Ivoire (Electricité) : un « ajustement moyen du coût », dès le 1er juillet 2023
Sangafowa-Coulibaly (ministre) : « La Côte d’Ivoire, malgré l’ajustement, a des prix parmi les plus bas de la sous-région »
Le gouvernement de Côte d’Ivoire, par l’entremise de son ministre des Mines, du pétrole et de l'énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, a annoncé, jeudi 8 juin 2023, lors d’une rencontre avec les médias, à Abidjan-Plateau, un ajustement moyen du coût de l'électricité, pour 11% de la population, dès le 1er juillet prochain. 89% étant évidemment épargnés. Ci-après, l’intégralité de son discours.
« (…) Je vous remercie de votre présence à cette conférence de presse qui porte sur la question de l’équilibre opérationnel et financier durable de notre secteur de l’électricité.
Grâce au leadership du président de la République, Sem Alassane Ouattara, notre pays dispose d’un secteur de production et de fourniture d’électricité parmi les plus performants et les plus résilients de notre sous-région et bien au-delà.
En effet, au cours de la dernière décennie, l’Etat a massivement investi dans la production, le transport et la distribution de l’électricité, ainsi que dans l’électrification rurale et le programme électricité pour tous (Pept).
Pour ce qui est de la production, la capacité installée est passée de 1 391 Mw en 2011 à 2 548 Mw en 2022, soit une augmentation de 83,2%.
Quant au transport, le réseau est constitué de 7 484 lignes haute tension (Htb) dont 3 000 km réalisées pendant la dernière décennie.
S’agissant de la distribution, 10 934 postes ont été construits au cours de la même période sur un parc total actuel de 18 691 postes, soit une progression de 141%.
« Satisfaction de la demande accrue… »
Ces investissements ont notamment permis : de satisfaire la demande nationale d’électricité qui a cru au rythme soutenu de 7,1% par an ; d’électrifier 4 168 localités, faisant passer le taux de couverture de 33% en 2011 à 83% en 2022 et de tripler, sur la même période, le nombre d’abonnés qui est passé de 1,1 millions d’abonnés en 2011 à 3,6 millions d’abonnés en 2022.
(…) Malgré ces performances, de nouveaux investissements sont nécessaires pour : améliorer la qualité du produit ; assurer la réhabilitation et les grosses révisions périodiques des groupes de production appartenant à l’Etat ; satisfaire de nombreuses demandes d’extension de réseau, de raccordement et électrifier toutes les localités du pays d’ici à 2025.
Pour ce faire, il nous faudra doubler notre capacité de production d’ici à l’horizon 2030, en la portant à plus de 5 000 Mw et accroître notablement le taux des énergies renouvelables de notre parc de production, de 34,5% actuellement à 45% dans le même horizon.
Or, depuis quelques années, on observe un déséquilibre financier de plus en plus prononcé du secteur de l’électricité aggravé par les effets de la pandémie à covid-19 et ceux de la crise en Ukraine. Cette dernière crise a particulièrement affecté les secteurs de l’énergie dans tous les pays et le nôtre, bien que résilient, n’a pas fait exception.
En effet, la perte d’exploitation résultant de la différence entre le prix moyen de vente (73 Frs/kWh) et le coût de revient moyen (89 Frs/kWh) est de 16 Frs/kWh. Pour la seule année 2023, la perte d’exploitation est estimée à 161 milliards de FCfa.
« Ecart entre besoins financiers et ressources »
L’écart entre les besoins financiers du secteur de l’électricité et les ressources qu’il génère perdure et s’amplifie. Cette situation ne peut être sans conséquences sur l’équilibre de l’offre relativement à la demande en matière d’électricité. Ainsi, à titre d’exemple, le Temps moyen de coupure qui s’était amélioré à 16h22 en 2020 est monté à 28h93 en 2022.
(...) L’optimisation continue des charges d’exploitation et l’appui constant de l’Etat ne peuvent suffire à retrouver l’équilibre financier du secteur.
Aussi, sur proposition de l’Autorité nationale de régulation du secteur de l’électricité et après analyse de la Commission consultative sur les tarifs d’électricité, le gouvernement a-t-il décidé d’un ajustement moyen du prix de l’électricité limité à 9,6%.
Cet ajustement s’appliquera aux consommations d’électricité qui seront enregistrées, à compter du 1er juillet 2023.
Il est important de préciser que 89% des abonnés ne sont pas concernés par cet ajustement. Ceci dans le souci de protéger les couches vulnérables et limiter l’impact de la mesure sur le coût de la vie.
Ainsi, la répartition du taux moyen de l’ajustement (9,6%) se présente comme suit : les 5A et 10A (pas concernés) : 0% ; les 15A et plus et les professionnels : 10% et la moyenne tension et la haute tension : 15%
Cet ajustement permettra de réduire la perte d’exploitation du secteur de 76 milliards de FCfa en année pleine.
(…) Malgré cet effort demandé à seulement 11% des abonnés, le prix moyen du kWh dans notre pays reste l’un des plus faibles dans notre sous-région et bien au-delà... »
Riche Ouattara
Des cas d’ajustements de tarifs en Afrique
Bénin : le 1er janvier 2021, la Société béninoise d'énergie Electrique (Sbee) a procédé à un réajustement de sa grille tarifaire, impliquant une augmentation du coût de l'électricité au kWh pour la majorité des consommateurs.
Ghana : le 15 août 2022, la Commission de régulation des services publics (Pucr) a annoncé une augmentation de 27,15% du tarif de l’électricité. Ces décisions sont effectives depuis le 1er septembre 2022.
Sénégal : le 13 janvier 2023, Senelec a procédé à un ajustement des tarifs de l’électricité, impliquant 16% de hausse pour les ménages.
Afrique du Sud : le 1er avril 2023, une hausse du tarif de l’électricité de 18% a été actée…
Source : Mmpe