Afrique-Fatou Diome à la jeunesse : « Le ressentiment n’est pas un projet, mais un frein à tout !»

En ce début d'année 2021, cette femme de lettres franco-sénégalaise fait une adresse particulière à la jeunesse africaine.

Afrique-Fatou Diome à la jeunesse : « Le ressentiment n’est pas un projet, mais un frein à tout !»
Fatou Diome, « combattante des intolérants » (Ph Dr)

Message à la Jeunesse africaine : 

« Je voudrais dire à la jeunesse africaine de guérir de sa mémoire. Le ressentiment, ce n’est pas un projet, le ressentiment ce n’est pas un avantage. C’est un frein à tout ce que vous pourriez essayer dans votre vie. Le ressentiment vous retient, vous restreint, vous limite. 

Donc, je voudrais que la jeunesse africaine d’aujourd’hui se dise : « nous sommes à égale dignité avec n’importe qui d’autre, et que ce 3ème millénaire, il est aussi le nôtre, et je ne peux pas le passer avec un statut de victime. Je ne suis pas que cela.

Avant l’esclavage et la colonisation, l’Afrique avait aussi une histoire et des valeurs à défendre, et quand on regarde les vraies valeurs, elles sont toujours universelles. Je voudrais dire à la jeunesse africaine : levez vous et appropriez vous votre destin. Il ne faut pas que le passé vous possède, possédez votre passé, et créez votre futur. » 

Fatou Diome (African heroes sur LinkedIn)

(Re) découvrez Fatou Diome

Fatou Diome, née en 1968 à Niodior au Sénégal, est une femme de lettres franco-sénégalaise. Après la parution d’un recueil de nouvelles, La Préférence nationale, en 2001, le roman Le Ventre de l'Atlantique lui vaut une notoriété internationale. Son œuvre explore notamment les thèmes de l'immigration en France et de la relation entre la France et le continent africain.


Biographie

Fatou Diome est née en 1968 sur la petite île de Niodior, dans le delta du Saloum, en pays sérère, au sud-ouest du Sénégal. Fille naturelle — ses parents ne sont alors pas mariés — elle est élevée par sa grand-mère, Aminata. Son nom vient du Sine Saloum, où les Diome sont des Niominka.


Contrairement à ce qu'exigent les traditions de sa terre natale, elle côtoie les hommes plutôt que d'aller aider les femmes à préparer les repas et assurer les tâches ménagères. Toujours en décalage avec le microcosme de l'île, elle décide d'aller à l'école et apprend le français. Sa grand-mère met un certain temps à accepter le fait qu'elle puisse être éduquée[réf. nécessaire] : la jeune Fatou Diome doit aller à l'école en cachette, jusqu'à ce que son instituteur parvienne à convaincre son aïeule de la laisser poursuivre [réf. nécessaire].


À treize ans, elle se passionne alors pour la littérature francophone et commence à écrire. Fatou Diome quitte son village pour aller poursuivre ses études dans d'autres villes du Sénégal, tout en finançant cette vie nomade par de petits boulots dès ses 14 ans; puis elle va au lycée de M'bour, travaille en tant que servante en Gambie et finit par entamer des études universitaires à Dakar. À ce moment, elle songe à devenir professeur de français, loin de l'idée de quitter son pays natal.


Mais à vingt-deux ans [réf. nécessaire], elle tombe amoureuse d'un Français, se marie et décide de le suivre en France à Strasbourg en 1994. Rejetée par la famille de son époux [réf. nécessaire], elle divorce deux ans plus tard[réf. nécessaire] et se retrouve en grande difficulté, abandonnée à sa condition d'immigrée sur le territoire français. Pour pouvoir subsister et financer ses études, elle doit faire des ménages pendant six ans, y compris lorsqu'elle peut exercer la fonction de chargée de cours durant son diplôme d'études approfondies, avant de commencer sa thèse sur « Le voyage, les échanges et la formation dans l’œuvre littéraire et cinématographique de Sembène Ousmane ».


Carrière

Après des études de lettres et philosophie à l'université de Strasbourg, elle y donne des cours, puis enseigne à l’Université Marc-Bloch de Strasbourg et à l'Institut supérieur de pédagogie de Karlsruhe, en Allemagne[6]. Elle reçoit les insignes de doctorat honoris causa à l'Université de Liège en 2017.


Elle se consacre également à l'écriture : elle a publié La Préférence nationale, un recueil de nouvelles, aux éditions Présence africaine en 2001. Le Ventre de l'Atlantique est son premier roman, paru en 2003 aux éditions Anne Carrière. Suivent ensuite Kétala (2006), Inassouvies, nos vies (2008), Celles qui attendent (2010) et Impossible de grandir (2013).


En 2019, elle est lauréate du Prix littéraire des Rotary Clubs de langue française pour son roman Les veilleurs de Sangomar.

Prises de position

Elle s'insurge contre les intolérants, elle défend le rôle de l’école et les valeurs républicaines.


Face à la montée du populisme, Fatou Diome est régulièrement invitée à partager son point de vue sur des sujets politiques et sociaux dans les médias télévisés ou dans la presse. Elle prend notamment une position forte contre la montée du populisme avec le Rassemblement National en France. En tant qu’écrivaine, elle souhaite par ses livres rappeler les valeurs républicaines et humaines car elle estime « qu’il ne faut plus se taire face aux obsédés de l’identité nationale[8] ».    


Elle porte également un discours revendiquant une coopération plus égalitaire entre l’Europe et l’Afrique. Elle estime que pour le moment, l’Europe tire les ficelles d’une coopération inégale et que l’Afrique n’est pas maîtresse de ses biens. Elle pense également que le complexe colonial reste persistant tant du côté des Africains que des Européens, ce qui empêche cette coopération d’être plus égalitaire. Elle défend l’idée que chacun, peu importe son origine devrait se sentir comme un être humain face à un autre être humain. Dans ce sens, sans faire peser la responsabilité davantage à un continent qu’à l’autre, elle défend la nécessité pour les Africains de s’affranchir de leur statut de victime et pour les Européens de sortir d’une position de dominant afin de mettre fin aux schémas exploitant/exploité, donateur/assisté. Enfin, elle précise qu’aider une personne, c’est l’aider à ne plus avoir besoin de vous, en écho à l’aide au développement mise en place par les pays occidentaux en Afrique notamment.


Œuvres

2001 : La Préférence nationale, recueil de nouvelles, édition Présence Africaine.
2002 : Les Loups de l’Atlantique, nouvelles, Dans le recueil : Étonnants Voyageurs. Nouvelles Voix d’Afrique.
2003 : Le Ventre de l'Atlantique, roman, éditions Anne Carrière, éditions Le Livre de poche 30239
2006 : Kétala, roman, Éditions Flammarion.
2008 : Inassouvies, nos vies, roman, Éditions Flammarion.
2010 : Le Vieil Homme sur la barque, récit (illustrations de Titouan Lamazou), Naïve.
2010 : Celles qui attendent, roman, Éditions Flammarion
2010 : Mauve, récit, Éditions Flammarion
2013 : Impossible de grandir, roman, Éditions Flammarion.
2017 : Marianne porte plainte !, essai, Éditions Flammarion.
2019 : Les Veilleurs de Sangomar, Albin Michel.

Collaborations

Weepers Circus, N'importe où, hors du monde (2011). Il s'agit d'un livre-disque dans lequel participe une quarantaine d'invités aux titres d'auteurs ou d'interprètes: Fatou Diome y signe un texte inédit (non mis en musique) consacré à sa propre interprétation de ce titre énigmatique de "N'importe où, hors du monde".

Bibliographie

(en) Dominic Thomas, « African Youth in the Global Economy: Fatou Diome's Le Ventre de l'Atlantique », Comparative Studies of South Asia, Africa and the Middle East, 2006, no 26(2), p. 243-259

Jacques Chevrier, « Fatou Diome, une écriture entre deux rives », Revue des littératures d'Afrique, des Caraïbes et de l'océan Indien, no 166, 2007, p. 35-38
Victor Essono Ella, La crise de l’identité à travers l’écriture de Valentin Yves Mudimbe, Eugène Ebodé et Fatou Diome, Université Rennes 2, 2008, 365 p. (thèse de doctorat de Littérature française)

Eugénie Fouchet, La représentation romanesque de la femme africaine chez Fatou Diome et Fatou Keïta, Université de Metz, 2009, 156 p. (mémoire de master recherche 2e année de Littérature, cultures et spiritualités)

M. H. Kebe, « Le ventre de l'Atlantique, de Fatou Diome », L'Information psychiatrique, 2004, vol. 80, no 6, p. 491-493

C. Mazauric, « Fictions de soi dans la maison de l'autre (Aminata Sow Fall, Ken Bugul, Fatou Diome) », Dalhousie French Studies, 2006, vol. 74-75, p. 237-252

Source : Wikipédia