Exclusif ! Côte d’Ivoire : « Aucune alliance politique n’a apporté de paix véritable aux Ivoiriens » (Innocent Yao, Pdt JPDCI-Rurale)

Président de la JPDCI-Rurale, Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Rurale, Innocent Yao soutient qu’« aucune alliance politique n’a apporté de paix véritable aux Ivoiriens ». Il répond aussi aux questions de BSC-NEWS sur l’actualité au sein de la formation politique de l’ex-chef de l’État, Henri Konan Bédié, le nouveau parti de Laurent Gbagbo et l’émergence en Côte d’Ivoire.

 

 

L'actualité au PDCI, c’est l'affaire dite de "détournement de fonds au groupe parlementaire", mais aussi la candidature "précocement" annoncée de Jean-Louis Billon, par lui-même, à la présidentielle de 2025. Sur la première, comment réagissez-vous ? Pensez-vous réellement à un « détournement de fonds » au sein de votre groupe parlementaire ?

C’est une affaire interne au groupe parlementaire. Ce que nous déplorons, cependant, c’est de voir de hautes personnalités, des responsables politiques venir exposer le parti sur la place publique. Les propos virulents des uns contre les autres ne sont pas intéressants.

 

Que doit faire votre président, Henri Konan Bédié, pour que cette affaire, qui pourrit l'atmosphère au sein de votre parti, soit clarifiée ?

Nous avons demandé au président de notre parti de prendre les dispositions pour que cesse cette guéguerre interne qui déshonore le parti. Et nous pensons que d’ici-là, les choses vont rentrer dans l’ordre. Nous avons de grands défis à relever.

 

Jean-Louis Billon a déclaré sa candidature à la présidentielle de 2025, quel est votre commentaire ? La trouvez-vous précoce, comme le disent certains militants ?

La candidature de Jean-Louis Billon n’est pas un événement. Il devait être candidat à la présidentielle de 2020, mais il a renoncé pour soutenir la candidature du président Henri Konan Bédié. Et 2025 approche, il n’a pas renoncé à ses ambitions. Toute ambition est légitime. Il faut savoir simplement l’orienter. Nous demandons aux cadres du parti qui veulent être candidats de se décider, dès maintenant. Cela nous permettra de connaître déjà nos cadres présidentiables. L’animation du parti, c’est aussi cela. Il y a des gens qui ont affiché leur ambition longtemps, avant de devenir président dans ce pays, même si ce n’est pas, par la bonne manière, mais leur objectif a été atteint.  Nous devons encourager tous ceux qui sont candidats. Et personnellement, j’encourage celui qui veut être candidat au titre du PDCI, à le faire. Mais la convention nous donnera un candidat que les autres devront soutenir. Nous ne sommes pas d’accord avec tous ceux qui, aujourd’hui, se cachent derrière le président du parti pour stigmatiser, calomnier et dénigrer ceux qui veulent être candidats. La candidature de Jean-Louis Billon n’est donc pas précoce.

 

Est-ce une stratégie pour Billon de devancer l'adversaire, le parti au pouvoir ?

L’adversaire est redoutable…Et la présidentielle de 2020 nous a permis de comprendre beaucoup de choses. Nous devons, dans l’union, la solidarité, l’entente changer notre fusil d’épaule pour atteindre notre objectif.  Les combats internes et guerres de positionnement ne nous apporteront rien. Après la candidature de Jean-Louis Billon, nous attendons que d’autres candidats se déclarent.

 

Est-il vraiment soutenu par de nombreux jeunes au PDCI ?

Les jeunes soutiennent toutes les candidatures. La preuve, il y a Tidjane Thiam qui, bien qu’absent du pays, est soutenu par des jeunes. Tous les candidats du parti qui seront déclarés, auront des jeunes pour les soutenir. Celui qui gagnera à la convention aura le soutien de tous les jeunes. Quant à nous, nous encourageons les candidatures et restons dans notre posture de premier responsable afin de canaliser, le moment venu, tous les protagonistes et antagonismes pour la victoire commune.

 

Que pensez-vous sincèrement du parti en création de Laurent Gbagbo, ex-Président ivoirien ?

Nous n’avons pas de commentaires particuliers sur la naissance du parti de monsieur Laurent Gbagbo. Nous attendons l’unicité des forces de l’opposition pour reprendre le pouvoir.

 

L'alliance PDCI-Parti de Gbagbo peut-elle vraiment apporter la paix et la cohésion sociale en Côte d'Ivoire ? Croyez-vous sérieusement en cette alliance ?

Aucune alliance dans ce pays n’a apporté de paix véritable aux Ivoiriens. Le résultat de la première alliance a été un coup d’État dans ce pays.

La course au pouvoir a entraîné une rébellion qui a duré environ dix ans. Le résultat de la deuxième alliance, c’est une crise postélectorale qui a fait plus de trois mille morts et laissé beaucoup de blessures et (de) meurtrissures avec son corollaire d’exilés, de prisonniers…

Au début de la troisième alliance, nous avons connu une crise pré et postélectorale et de nombreux morts. Certains leaders politiques doivent comprendre qu’on peut arriver au pouvoir sans faire mal aux concitoyens qu’on veut diriger.

Les hommes passent, le pays demeure. Il est temps que cela cesse. Le seul parti politique sincère en Côte-d’Ivoire dans ses relations avec les autres, c’est bien le PDCI-RDA  (Rassemblement démocratique africain, NDLR). La personnalité politique qui a été toujours sincère dans ses relations avec les autres, c’est le Président Henri Konan Bédié.

 

Après 2020, la Côte d'Ivoire peut-elle être un pays émergent sous le Président Alassane Ouattara ? Justifiez votre réponse !

Nous devons travailler pour le peuple de Côte-d’Ivoire. Cette question d’émergence, je pense qu’il faut la laisser tomber. Nous avons trop de problèmes dans ce pays. Il faut trouver des solutions aux problèmes des Ivoiriens et ne pas leur vendre une émergence difficile à concevoir. Comment améliorer le quotidien des Ivoiriens ? Comment réformer notre système éducatif ? Comment avoir une armée républicaine ? Comment améliorer la vie des paysans ? Comment donner à notre pays, un système de santé normal ? Comment agir pour avoir un système démocratique dans notre jeune Nation ? Comment organiser des élections démocratiques sans effusion de sang dans notre pays ? Comment lutter contre le grand banditisme ? Comment faire désarmer les cœurs meurtris après plusieurs années de crises dans notre pays ? Comment faire libérer tous les prisonniers politiques des différentes crises politiques et faire rentrer tous les exilés, sans le moindre souci ? Comment faire appliquer les décisions de la CADHP (Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, NDLR) pour garantir des élections libres et apaisées ? Comment lutter contre le chômage grandissant des jeunes ? …

Ce sont-là, autant de défis à relever pour le bonheur des Ivoiriens!

 

Réalisation : Riche Ouattara