CI:"Dialogue de sourds, pouvoir-opposition" (Billet)

CI:"Dialogue de sourds, pouvoir-opposition" (Billet)
Pour Eugène Djué, ex-syndicaliste, rien n'évolue dans le sens de la paix, après la récente rencontre médiatisée, Konan Bédié-Alassne Ouattara. (Ph. d'archives)
CI:"Dialogue de sourds, pouvoir-opposition" (Billet)

"Mon billet du vendredi 20 novembre 2020 :

Situation socio-politique, apaisement ou impasse ?

Deux semaines après l'adresse à la nation du Président Ouattara, à la suite de la confirmation de sa réélection par le Conseil constitutionnel, la situation politique reste certes calme, mais un calme précaire et fragile, qui, si rien n'est fait, peut encore tourner aux manifestations et à la violence .

En effet, de nombreux responsables de l'opposition dont Affi  N'guessan, pdt du FPI (Front populaire ivoirien, ndlr  et Maurice Guikahue du PDCI (Parti démocratique de Côte d'Ivoire, ndlr), ainsi que Koua Justin, Pulcherie  Gballet et de  nombreux autres membres de l'opposition, dont le député Alain Lobognon, restent toujours  en prison. Certains, tel que Mabri Toikeusse, visés par des actions judiciaires, sont contraints à la clandestinité. Les blocus autour des résidences restent également visibles chez d'autres comme les  Pr Hubert Oulaye et Mamadou Koulibaly.

En réalité, aucun acte concret n'a été posé dans le sens d'un véritable apaisement, en dehors de la levée du blocus autour de la résidence du Président Bédié, et celle du Docteur Assoua Adou. 

Le Gouvernement  semble ne  vouloir rien lâcher. On est donc en droit de se demander s'il s'agit d'un apaisement réel ou d'une impasse que vit actuellement la Côte d'Ivoire.

Certes, la main tendue de M. Ouattara à travers sa déclaration, suivie de la première rencontre entre les deux grands, qui a permis, dit-on de "briser la glace" et  de "rétablir la confiance",  a eu pour effet de décrisper la situation sociopolitique très tendue dont  les points culminants ont été atteints avec les affrontements intercommunautaires de  Daoukro, Toumodi, Bonoua et  de M'batto, le mardi 10 novembre dernier. 

Mais au-delà de cette rencontre symbolique entre Ouattara et Bédié, aucun acte ostensible et concret n'a été posé dans le sens de l'approfondissement de la recherche de la Paix. 

Le  Gouvernement, se  contentant, en lieu et place du Dialogue souhaité, de répondre à travers quelques apparitions de son porte-parole, à quelques points soulevés, à juste titre, par l'opposition comme étant des conditions indispensables au retour au Dialogue et à la Paix. Ainsi, un Dialogue à distance et de sourds semble s'instaurer, à nouveau, entre le pouvoir  et l'opposition. 

Plusieurs questions  alors se posent : l'opposition va t-elle reprendre ses manifestations? À quand la libération des détenus et l'instauration d'un véritable Dialogue inclusif? Peut-on vraiment parler de Dialogue alors que certains acteurs clés sont en prison ou en exil ? Veut-on vraiment aller à la Paix ou est-ce une stratégie de division ou de diversion de la part du pouvoir, comme semblent le soutenir certains observateurs ?

En tout état de cause, il n'est jamais tard pour bien faire. La Paix n'a pas de Prix!

Allons sincèrement et résolument à la Paix par le Dialogue. Aimons-Nous Vivants!"

Président 

Eugène Djué