Côte d’Ivoire (Célébration) / « Champion, tu es fort !!!» (Vincent Toh Bi, ancien préfet d’Abidjan)

Côte d’Ivoire (Célébration) / « Champion, tu es fort !!!» (Vincent Toh Bi, ancien préfet d’Abidjan)
Image d'illustration (ph : dr)

Le fondateur de l'Ong (Organisation non gouvernementale) Aube nouvelle, ancien préfet de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, chante, dans le texte ci-dessous, cette « bravoure moins perceptible », régulièrement démontrée par de nombreuses gens, notamment des jeunes, constamment habitées par la volonté certaine de « se réaliser ».

« CHAMPION, TU ES FORT !!!»

« J’admirais ce garçon depuis ma voiture dans le ralentissement à Port-Bouet, au niveau de Gonzagueville, zone aéroport. Il était certainement sur un contrat « manawa »*, sur de grands ouvrages publics. Il y avait un grand monticule de terre, semblable à une montagne compacte. Il devait transporter toute cette terre à un autre endroit, à l’aide d’une brouette. Il utilisait une pelle pour remplir la brouette lui-même.

Il travaillait en chantant, poussait sa brouette ensuite en courant pour en renverser le contenu un peu plus loin. Puis il revenait, refaire le même exercice, dans la bonne humeur. La masse de terre était si haute que je me suis dit qu’il lui faudrait au moins une semaine pour finir de la transporter.

Je suis allé à Bassam. J’en suis revenu 4 heures plus tard, dans le même embouteillage, au même endroit . J’étais curieux de savoir ce qui était advenu au jeune homme. Tout le sable avait été transporté. Il ne restait plus rien , et le jeune homme dormait dans sa brouette, épuisé ; il dormait d’un sommeil tellement mérité .

On se plaint de la paresse et de la médiocrité ambiantes au sein de la population et de la jeunesse. Mais peut-être que nous devrions prendre aussi du temps pour célébrer ces jeunes anonymes, héros de l’ombre, qui se battent tous les jours pour survivre.

Ces jeunes-là ne connaîtront jamais les Prix d’Excellence officiels. Ils verront les politiciens venir leur promettre des emplois, des maisons, de l’argent , du bonheur à chaque élection ; ils recevront quelques t-shirts et s’enivreront de la bière électorale facile, mais n’auront jamais ce pourquoi ils auront été tant courtisés pour voter.

Ces jeunes-là subiront la hausse des prix des denrées de survie, mais ils ne diront rien. Ils continueront à vivre de la force de leurs muscles, du moteur de leur courage et de la puissance de leur Espoir.

Ils ne diront rien , mais ils nourriront des ressentiments nocifs et dangereux.

Je n’ai pas volé le droit à l’image de ce jeune homme. J’ai célébré sa bravoure.

Champion, tu es fort !!! »

Vincent Toh Bi