Afrique (Paix, sécurité et stabilité) / « La Côte d’Ivoire a des institutions démocratiques crédibles » (Tiémoko Koné, VPR ivoirien) :
« Dans un contexte particulièrement préoccupant, il est impératif d’agir de manière collective et concertée »
A l’occasion de la tenue de la 15e édition de la Retraite annuelle de haut niveau des hauts représentants, des envoyés spéciaux et des représentants permanents de l’Ua (Union africaine) vendredi 25 octobre 2024, à Abidjan, sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique, autour du thème majeur de ‘’l’impact et la durabilité de la diplomatie préventive et de la médiation’’, le Vice-président ivoirien, Tiémoko Koné, a présenté les efforts de son pays en faveur de la paix et la nécessité pour le continent africain d’unir ses forces et méthodes face aux nombreux défis engendrés par un contexte mondial particulièrement préoccupant. Ci-après l’intégralité de son discours.
« (…) Distinguées personnalités ;
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, au nom du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, du Gouvernement ivoirien, ainsi qu’en mon nom propre, vous adresser nos chaleureuses salutations et vous souhaiter la cordiale bienvenue en terre ivoirienne, à l’occasion de la tenue de la 15ème édition de la Retraite annuelle de haut niveau des Hauts Représentants, des Envoyés Spéciaux et des Représentants Permanents de l’Union Africaine sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique.
« Akwaba à toutes et tous ! »
J’aimerais exprimer nos remerciements à Monsieur Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine et à ses collaborateurs, pour leur choix porté sur la Côte d’Ivoire pour abriter cette importante rencontre. Je voudrais également traduire ma reconnaissance à toutes les hautes personnalités, ainsi qu’à l’ensemble des participants qui, par leur présence, nous honorent et confèrent un éclat particulier à cette Retraite. Nous sommes particulièrement heureux d’avoir parmi nous les anciens Présidents dont je salue la distinguée présence.
Il s’agit de :
- Son Excellence Monsieur Uhuru Kenyatta, du Kenya ; - Son Excellence Monsieur Domitien Ndaziye, du Burundi ;
- Son Excellence Madame Catherine Samba Panza, de la
République Centrafricaine.
J’y associe également Madame Speciosa Wandira Kazibwe ancienne Vice-Présidente de l’Ouganda, ainsi que Madame Martha Pobee, Sous-Secrétaire Générale adjointe des Nations Unies Pour l’Afrique.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Cette retraite autour du thème de l’impact et la durabilité de la diplomatie préventive et de la médiation, nous donne l’occasion de réitérer notre gratitude à l’Union Africaine et aux Nations Unies, pour leur forte implication dans la résolution de la grave crise militaro-politique qui a secoué la Côte d’Ivoire avant et après les élections de 2010.
En effet, l’Union Africaine et les Nations Unies ont su, à travers le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine et le Conseil de Sécurité des Nations Unies, déployer les instruments de prévention, de médiation, de maintien et de consolidation de la Paix.
Ces efforts et instruments ont largement contribué à la résolution de la crise ivoirienne.
Au sortir de cette crise, la Côte d’Ivoire a œuvré inlassablement à mettre en place des Institutions démocratiques crédibles, ainsi que des plateformes de dialogue politique et divers programmes de réconciliation et de cohésion sociale.
De même, et cela nous apparait fondamental, la Côte d’Ivoire a mis un accent particulier sur les investissements socio-économiques de base et sur la création de richesses et d’emplois, surtout pour les jeunes.
Enfin, à travers des traités, des accords et des partenariats stratégiques, nous avons développé une diplomatie de bon voisinage avec les pays de la sous-région, ce qui a contribué à créer un climat de paix et de confiance mutuelle.
Toutes ces initiatives ont reçu le soutien et l’accompagnement des Organisations internationales, continentales et régionales dont les Nations Unies, l’Union Africaine et la Cédéao que je voudrais encore une fois remercier.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
L’intervention mémorable du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies en décembre 2018, a illustré les enseignements tirés du succès de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire.
Dans la continuité de cette réflexion, votre retraite est tout à fait indiquée, pour explorer les approches ayant favorisé la paix, la cohésion sociale, et qui nous ont permis de stabiliser et de consolider ces progrès.
Nous restons convaincus qu’au niveau national, investir dans la bonne gouvernance, la cohésion sociale et l’inclusion économique, constitue l’un des moyens essentiels pour prévenir et éviter les conflits. A cet égard, le retour de la Côte d’Ivoire au Conseil de Paix et de Sécurité, nous donne également l’occasion de partager notre expérience.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Il est important de rappeler que la présente retraite de Haut Niveau se tient dans un contexte particulièrement préoccupant.
En effet, notre Continent, tout comme le reste du monde, fait face à une montée des conflits armés, à des changements anti constitutionnels de régimes, à des tensions géopolitiques croissantes et à l’expansion du terrorisme. En plus de tous ces fléaux, l’Afrique doit également faire face aux effets du réchauffement climatique.
Ces défis multiples menacent la paix et la sécurité mondiales, fragilisent les équilibres régionaux et perturbent à la fois l’économie mondiale et la sécurité alimentaire et énergétique internationale.
Le constat est clair : nous sommes de plus en plus impuissants face à ces conflits, incapables de les prévenir, de les résoudre durablement et de restaurer la paix dont le monde a tant besoin.
Le multilatéralisme, qui fonde nos actions collectives, a besoin d’être soutenu et renforcé.
Les Nations Unies, notamment son Conseil de sécurité chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationale, se retrouve souvent paralysé et n’incarne pas toujours les idéaux de la Charte des Nations Unies.
Face à cette impuissance, les peuples africains payent un tribut de plus en plus lourd, en raison des conflits qui dévastent notre Continent et compromettent nos efforts de développement. Il est donc impératif d’inverser cette trajectoire.
C’est pourquoi la Côte d’Ivoire soutient la détermination de la Commission de l’Union Africaine à privilégier la diplomatie préventive et la médiation dans la résolution des conflits, afin d’empêcher que les différends et les tensions ne dégénèrent en affrontements. Aussi, il nous appartient de favoriser également une gouvernance qui respecte les voies démocratiques pour tout changement de régime.
Face à l’ampleur de ces défis, je voudrais vous encourager à réexaminer les instruments disponibles dans le cadre de l’Architecture Africaine de paix et de sécurité, afin de les adapter et de renforcer leur efficacité.
Il est également essentiel que notre Organisation s’approprie le Pacte pour l’Avenir et le Pacte numérique mondial, afin de mieux prévenir les conflits du futur. Dans ce contexte, il est impératif d’agir de manière collective et concertée.
Votre retraite représente ainsi une réelle opportunité pour approfondir les réflexions initiées par le Président de la Commission de l’Union Africaine, qui interpellent notre responsabilité en tant qu’États et dirigeants, pour consolider la démocratie, la paix, la sécurité et le développement sur le Continent.
Le Président de la Commission nous invite donc à rechercher des solutions plus adaptées aux transformations en cours, à renforcer nos relations internes au sein des communautés régionales africaines, et à redéfinir nos interactions avec la communauté internationale, notamment dans le cadre des Nations Unies.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
C’est le lieu de saluer les membres du Groupe des Sages de l’Union Africaine pour leur rôle de premier rang dans la prévention, la médiation et la résolution des conflits. Ils méritent notre reconnaissance et notre gratitude pour leurs actions et leurs succès en matière de diplomatie préventive et de médiation, reconnus de tous.
De plus, tout comme le maintien de la paix, la diplomatie préventive et la médiation requièrent d’importantes ressources financières, qui doivent être, dans bien des cas, disponibles dans la durée.
La baisse substantielle des ressources des donateurs traditionnels constitue, à cet égard, un défi majeur que nous devons collectivement relever.
Je me réjouis particulièrement de la forte présence des Nations Unies à cette réunion qui permettra, j’en suis convaincu, un partage d’expérience fructueux, mais aussi de réexaminer la collaboration entre l’Union Africaine et les Nations Unies.
Cette approche collaborative nous parait appropriée. Elle conduira à une plus grande efficacité et surtout à une plus grande célérité dans les actions qui affectent la vie de millions de personnes à risque.
C’est sur cette note d’espoir que je déclare ouverts les travaux de la 15ème Retraite annuelle de haut niveau des Hauts Représentants, des Envoyés Spéciaux et des Représentants permanents sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique, en souhaitant plein succès à vos assises.
Je vous remercie.»