Côte d’Ivoire (Affaire « Docteurs non-recrutés brulent leur thèse… ») : « Votre attitude n’est pas adéquate » (Dr JC Dodo, enseignant-chercheur)
« Adopter une posture de rigidité, de défiance et d’outrecuidance vis-à-vis de l’autorité notamment envers le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, n’est pas une attitude adéquate. »
« Détruire par le feu des exemplaires de vos thèses pour marquer votre mécontentement dû à votre non-recrutement est une action des plus maladroites venant -qui plus est- de la crème de l’intelligentsia ivoirienne. Comment comprendre qu’après (en théorie) 08 ans d’études et peut- être même plus, vous décidez de déprécier outrageusement le fruit d’un dur labeur et de nombre de sacrifices de la sorte ? Un-e Docteur-e, c’est un-e savant-e, un-e détenteur-trice de savoir. Une personne dotée d’un raisonnement d’un certain niveau, eu égard à ses prérequis. Vous êtes déçu-e-s et en colère, c’est une réaction normale. Vous êtes affligé-e-s, un, je compatis.
La vie n’est pas pour tout le monde, une trajectoire rectiligne. En effet, le chemin est parfois sinueux et donc très difficultueux certes, mais ce n’est pas une raison pour perdre la raison. En toute chose, il faut savoir raison garder. Adopter une posture de rigidité, de défiance et d’outrecuidance vis-à-vis de l’autorité en l’occurrence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, n’est pas une attitude adéquate pour 03 raisons :
1- un combat se mène avec stratégie. Pour des Docteurs-es, vous devez savoir mettre en évidence votre intellect. Une négociation est faite de concessions de part et d’autre. On ne peut rien obtenir dans une discussion avec une position radicale. De plus, vous ne disposez d’aucun contrepoids réel pour faire fléchir l’État. Donc, il faut agir avec beaucoup de tacts ;
2- de bonne foi, le ministre Adama Diawara n’a jamais fermé la porte de la discussion. Pour preuve, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les deux collectifs des Docteurs non-recrutés et le Ministre pour trouver des solutions idoines à cette crise de l’emploi de Docteurs. Le ministre s’est toujours montré disponible en vous recevant, non seulement par courtoisie parce qu’étant des citoyens ivoiriens, mais aussi et surtout, par considération pour votre titre de Docteur ;
3- vous devez être des proposants et non des opposants. La tribune que vous offre l’État via le ministre Adama Diawara doit vous servir à bon escient en faisant des propositions concrètes, des suggestions au ministre pour trouver des solutions à votre insertion socioprofessionnelle. C’est un secret de polichinelle, l’État ne peut absorber tout le monde en un temps-record. Toutefois, vous pouvez suggérer à l’État d’augmenter le nombre de postes à pourvoir par année. Par exemple, 1000 postes par an, en fonction des besoins et à raison de 500 postes par session de recrutement. Vous convenez avec moi que toute lutte est faite de patience et d’opiniâtreté.
In fine, il y a toujours des solutions à tout problème. La capacité d’adaptation est inhérente à l’espèce humaine. En discutant sincèrement dans la courtoisie avec l’État, des solutions durables pourront être trouvées pour la satisfaction de toutes les parties. Car de toute évidence, l’État sait agir en bon père de famille, quand besoin est. »
Jean-Claude Dodo
Enseignant-chercheur
Sociolinguiste