CI-Education: "Quelle rentrée, ce 16 novembre?" (Syndicaliste)

CI-Education: "Quelle rentrée, ce 16 novembre?" (Syndicaliste)
"DE LA RÉOUVERTURE DE L’ECOLE LE 16 NOVEMBRE 2020
L’école rouvrira certainement, le lundi 16 novembre 2020 sauf, in extremis, dispositions contraires de l’autorité. 
La réalité  implacable,  sera le contraste de la reprise d’une localité à une  autre  dans ce contexte sociopolitique tendu. Dans les localités calmes, l’école reprendra sa ferveur habituelle caractérisée par le plein effectif du personnel administratif, des enseignants et surtout des élèves. 
Dans les localités relativement secouées, ce ne sera pas l’engouement. Dans les zones où les conflits ont été particulièrement meurtriers, les personnels des administrations scolaires et les enseignants, en leur qualité d’Agents de l’Etat, répondront  certainement présents pour servir l’Etat. Mais, de nombreux parents d’élèves pourraient se méfier des chemins incertains de l’école pour leurs enfants en cette période de paix  précaire. 
Ce sentiment, partagé par de nombreux  élèves eux-mêmes, est d’autant plus légitime que  l’opposition  et le pouvoir ne se sont pas encore accordés sur la voie de sortie véritable  de crise. Qui plus est, de nombreux élèves ont suivi leurs parents poussés à l’exil par la peur des violences électorales. Au moins, selon BORIS Cheshirkov, porte-parole de HCR,  trois-mille deux-cents (3200) personnes ont fui la Côte d’Ivoire vers les pays limitrophes.
Les élèves qui seront ainsi absents des classes, perdront la plénitude de leur droit à l’éducation, alors qu’ils n’en sont pas responsables.
Il en est de même pour certains enseignants qui ont perdu des biens comme celui du Lycée  Moderne1 de Toumodi,  dont la maison est aussi partie en fumée. Bien d’autres,  ayant perdu des proches dans la  crise actuelle, seront présents de corps  aux cours, mais psychologiquement et moralement absents du moins, pour un moment car stigmatisés à vie. Il faudra que l’autorité tienne compte de tous ces facteurs dans la conduite de réouverture de l’école.  
Par ailleurs, plane le spectre de graves perturbations endogènes des cours liées aux frais d’inscription annexe. Pour notre part, nous continuons de dénoncer, avec force,  ce mercantilisme nébuleux  pratiqué en complicité avec le Gouvernement dans notre système éducatif. 
En tout état de cause, dans cette incandescence sociopolitique, l’école étant un milieu très sensible, il y a nécessité pour le Gouvernement,  de poser des pas forts  à l’effet de ramener une sérénité durable à l’école, dans les familles en Côte d’Ivoire et assurer la pleine éducation à tous les élèves."
Pacôme ATTABY
Enseignant-Syndicaliste indépendant
Membre de l’Entente Internationale des Travailleurs et des peuples ( EIT )