Côte d’Ivoire/ Présidentielle du 31 octobre: Des centrales syndicales expriment leur grande inquiétude

Côte d’Ivoire/ Présidentielle du 31 octobre: Des centrales syndicales expriment leur grande inquiétude

Théodore Gnagna Zadi (ph.) du Cgst-ci, et les patrons de deux autres centrales syndicales, interpellent la classe politique ivoirienne.

 

A quelques heures de la tenue de la présidentielle, "la plus contestée de l’histoire de la Côte d’Ivoire", trois centrales syndicales expriment une grande inquiétude, estimant que "cette élection suscite controverses, peur, contestations de mort…" Ci-après l’intégralité de leur déclaration.

 

Outre la crise sanitaire due à la maladie à coronavirus avec son corollaire de décès et de pertes d’emplois, l’élection présidentielle prévue le 31 octobre 2020 constitue aujourd’hui la plus grave menace sur la paix et la cohésion sociale dans notre pays.

Les organisations syndicales, représentants des travailleurs de Côte d’Ivoire, dans l’exercice de leur devoir régalien de régulateur social, dans des déclarations individuelles ou conjointes les mardi 06 et vendredi 08 octobre 2020, avaient attiré l’attention de la classe politique et surtout du président de la République, sur les graves menaces qui pèsent sur l’avenir de notre cher pays, à la veille de cette élection. Ces organisations syndicales les avaient également invités à trouver un consensus autour de ces élections.

Malheureusement, ces appels semblent ne pas avoir eu d’échos favorables. Bien au contraire, la situation s’est encore tendue et suscite en ce moment plus d’inquiétudes et d’angoisses. De nouveaux affrontements se sont signalés dans plusieurs localités notamment à Bongouanou M’bahiakro Kotobi, Daoukro et plus particulièrement à Dabou avec des atrocités sans nom qui ont entrainées de nombreux morts, des blessés et des déplacés.

Nous, Centrales syndicales signataires de la présente déclaration, nous nous inclinons devant la mémoire de toutes ces personnes disparues, exprimons nos condoléances à leurs familles et souhaitons prompt rétablissement aux nombreux blessés. 

Aussi, notons–nous, qu’au fur et à mesure que nous rapprochons du 31 octobre 2020, date de l’élection présidentielle, plus les positions entre le pouvoir et l’opposition se radicalisent.

Cette situation a pour conséquences :

-Le faible taux de retrait des cartes d’électeurs;

-Le déploiement massif et inédit d’agents des forces de l’ordre sur l’ensemble du territoire en vue de la sécurisation du scrutin ;

-La peur généralisée au sein de la population avec des déplacements importants tant vers l’intérieur du pays que vers les pays limitrophes ;

-La défiance de certaines populations vis-à-vis de l’autorité de l’Etat caractérisée par la destruction des CEI locales, des bureaux de votes, cartes d’électeurs;

-La recrudescence des affrontements intercommunautaires avec des atrocités de plus en plus inqualifiables.

De mémoire d’Ivoiriens, c’est la première fois qu’une élection suscite autant de controverses, de peur, de contestations de morts avant même qu’elle n’ait eu lieu. C’est le signe évident que les conditions minimales d’une élection présidentielle apaisée, incontestable, inclusive et démocratique sont loin d’être réunies.

Par conséquent, nous, Centrales syndicales, conscientes de notre rôle de porte-voix des travailleurs, de régulateur social et par-delà, des populations, réitérons notre appel à l’ouverture pressante du dialogue entre les parties en vue d’une élection inclusive, transparente et crédible, gage d’une paix durable.

Cette concertation nationale que nous appelons de tous nos vœux, aura pour objectif de :

1-Établir un nouveau pacte politique qui prend en compte toutes les préoccupations qui font l’objet de conflit actuel et particulièrement la mise en place d’une Commission électorale indépendante consensuelle composée des organisations syndicales et celles de la Société civile.

2-Élaborer un nouveau contrat social qui:

  1. Octroie un véritable statut aux Organisations syndicales afin de leurs permettre de jouir pleinement de leur rôle de partenaires sociaux et d’organisation d’utilité publique,
  2. Préserve et renforce les droits et acquis des travailleurs,
  3. Leur assure un bien-être social et économique.

C’est le lieu, pour nous Centrales syndicales signataires de la présente déclaration, de réaffirmer notre disponibilité à jouer le rôle de facilitateur entre les parties à l’effet d’éviter l’enlisement de la crise.

Nous invitons, enfin, les travailleurs dans cette période délicate que traverse notre pays, à faire preuve de retenue et à privilégier leur sécurité sur toute autre action.

 

Fait à Abidjan, le 28 octobre 2020

Pour les organisations

Cgst-ci

Théodore Gnagna Zadi

Dignité

Boga Dago elie

Fesaci-cg

Dr Traoré Dohia Mamadou