Monde (Humanité) : « La vieillesse est un don de Dieu » (Sœur M-E Kafando)
« Il y a beaucoup de grâces »
Comment les religieuses vivent-elles leur retraite ? La Croix Africa a rencontré des retraitées de la Congrégation des Sœurs de l’Immaculée conception de Ouagadougou (Burkina Faso).
« Quand j’étais jeune, je courais comme une gazelle, maintenant que j’ai vieilli, j’ai des projets que je n’arrive pas à réaliser », soupire sœur Marie-Raphaël Zongo, 80 ans révolus. Il y a plusieurs années, cette religieuse de la Congrégation des Sœurs de l’Immaculée conception de Ouagadougou était en mission partout au Burkina Faso. « Avec l’âge, je me dis qu’il faut être réaliste : ce que je ne peux faire, je le fais faire. Je prie Dieu de mettre des gens et des ressources pour le réaliser ». « Je voulais planter des arbres et des épices, mais l’eau manque dans mon champ. En étant vieille, je rêve beaucoup », poursuit-elle.
Centre Sœur Marie-Jeanne Sawadogo
La Congrégation des Sœurs de l’Immaculée conception compte une quarantaine de religieuses de plus de 80 ans. Elles sont regroupées au Centre Sœur Marie-Jeanne Sawadogo ouvert pour les retraitées. La Congrégation dénombre 25 autres retraitées à Mogtédo, à 80 km de Ouagadougou.
À 80 ans, sœur Marie Raphaël Zongo, pensionnaire du Centre Sœur Marie-Jeanne Sawadogo continue de coudre des tissus. Née en 1943, elle s’est engagée dans la vie religieuse en 1956. Admise à la retraite, en 2019, sœur Zongo se remémore ses jeunes années. « Mes responsabilités étaient de former les jeunes religieuses, mais aussi des filles qui avaient fui le mariage forcé », raconte-t-elle.
« La vieillesse n’est pas un malheur, c’est un don de Dieu, il y a beaucoup de grâces comme à l’enfance et dans la jeunesse. Les difficultés viennent de nos faiblesses, mais la joie est toujours divine, elle ne finit pas. »
C’est sous l’appâtâmes de la communauté que l’on rencontre les autres pensionnaires. Elles sont assises sous le regard vigilant des religieuses accompagnatrices. Sœur Marie-Pia Compaoré, 98 ans, nous confie des souvenirs de ses précédentes missions. « Mon service était de m’occuper des femmes accusées de sorcellerie au Burkina Faso, explique-t-elle. Plus tard, je suis allée en mission en Guinée ».
Presque centenaire, centenaire
La presque centenaire continue de coudre des tissus et des chapeaux pour les enfants. Installée un peu plus loin, la doyenne de la communauté, sœur Christiane Ouédraogo, est pour sa part, centenaire. « Toute ma vie, j’ai été infirmière », confie-t-elle timidement avant de somnoler. Quand naissait la congrégation des sœurs de l’Immaculée conception, Sœur Christiane n’avait qu’un an. « Tout est grâce », poursuit à sa place, sœur Marie-Élise Kafando. Chez elle, les détails comptent dans le récit, tout comme son sourire radieux : « Je suis née en 1932 » sourit-elle. « Mes paroissiens m’ont toujours appelée « la sœur qui sourit ».
« Avant de devenir religieuse, j’étais promise à un homme. Nous devions faire le mariage coutumier, explique-t-elle. Les missionnaires sont venus dans mon village pour demander des filles pour étudier à Ouagadougou. Je les ai suivis, c’était en 1944. J’étais très heureuse. J’ai fait la catéchèse, puis le baptême en 1946. C’est là que Mgr Joanny Thevenoud [premier évêque de Ouagadougou ndlr] m’a demandé si je voulais être religieuse et j’ai dit oui ».
Accompagnatrice dans cette communauté de retraitées, Sœur Marie Kabré, témoigne : « Leur joie de vivre procure le courage. Leur grand besoin, c’est le logement qui est estimé à trois milliards de francs Cfa ». « Les sœurs ont besoin de visites des fidèles », renchérit Sœur Joséphine Gouba, membre de la congrégation.
Source : La Croix Africa